Ecrire son roman : pourquoi faire appel à des bêta-lecteurs ?

Ecrire son roman : 
quel est l'intérêt de faire appel à des bêta-lecteurs ?


Qu'est-ce qu'un bêta-lecteur ou une bêta-lectrice?
 
J'en vois qui rigole : Non, ce n'est pas un lecteur un peu bêta... Ce serait même plutôt le contraire, d'ailleurs !

Alors pourquoi bêta ?
Le préfixe « bêta », est utilisé en informatique pour désigner la version-test d’un concept ou d’un projet. La bêta d’un logiciel, la bêta d’un jeu-vidéo, la bêta d’une application mobile...
Alors pourquoi pas la bêta d'un roman ?




Quand on est auteur, la tête dans le guidon texte, tête farcie des personnages, des intrigues, des dialogues, des rebondissements... il est parfois souvent toujours difficile de prendre du recul et d'avoir un regard critique sur son propre travail.
D'où l'intérêt d'une relecture extérieure, bienveillante mais sans concession : c'est le bêta-lecteur.

Pour ma part, je n'arrive pas à me passer des points de vue extérieurs sur cette version brouillon amélioré de mon premier jet de roman.
Vous l'aurez compris : je suis fan des bêta-lecteurs/trices. (et en plus, j'en ai trouvé des adorables (mais impitoyables, en revanche)...)



Comment choisir ses bêta-lecteurs/trices ?

Il existe des sites sur internet pour trouver des bêta-lecteurs. Mais franchement, je ne suis pas sûre que l'alchimie nécessaire soit aussi forte que si vous choisissez parmi vos proches (car il faut savoir qu'entre votre bêta-lecteur et vous, un lien particulier se crée, puisque vous révélez en avant-avant-première votre travail).
En même temps, pas trop proche non plus : Si vous donnez votre manuscrit à votre grand-mère toute acquise à votre cause, elle risque d'être trop encline à la complaisance : vous n'avez pas besoin qu'on vous passe de la pommade (même si c'est agréable), mais qu'on vous dise franchement et objectivement ce qui va et ne va pas dans votre texte... parce que l'éditeur, lui, ne se gênera pas pour mettre au rebut le texte que votre grand-mère a adoré.






Pour mes romans jeunesse, je donne mes manuscrits à lire à mes filles, mon neveu et à une ou deux de leurs camarades. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les enfants sont impitoyables et ont un avis sérieux et tranché sur leur lecture, ainsi qu'une fraîcheur incroyable. C'est très appréciable, car ils sont mon public, et je ne suis plus une enfant (ouin) : leur lecture m'aide à m'adapter au plus près à leur attente.


Avant de partir chez mon éditrice,
La saveur des bananes frites est passée
entre plusieurs petites mains...


Pour mes romans adulte, je passe une petite annonce sur mon profil Facebook, puis je me laisse guider à l'instinct.
Ca a toujours marché.
Pour certains de mes romans, je crée un groupe Facebook, et nous pouvons dialoguer entre nous sur le manuscrit. C'est très riche et instructif. C'est aussi l'occasion de bons fous rires !


Sinon, vous pouvez toujours demander à votre chat : j'ai essayé, mais il n'a pas donné suite... 😄


Patchouli, mon bêta-miaou-lecteur préféré !

 
Que demander à un bêta-lecteur ? 

Pour mes romans adulte, je donne à lire mes manuscrits au fur et à mesure que j'en écris les chapitres. J'envoie en général deux ou trois chapitres à la fois, toutes les semaines.
En premier lieu, j'aime avoir les réactions à chaud de mes lectrices-teurs. Leur ressenti. S'ils ont ri, pleuré, ressenti une émotion... ou pas.

Ensuite, je leur demande de relever :

  •  les incohérences (chapitre 3, B. boit un chocolat chaud devant son feu de cheminée, cheminée qu'elle se plaint de ne pas avoir chapitre 8 (merci Axelle) !); 
  • les émotions mal amenées ou mal exprimées; 
  • les baisses de rythme (merci Alice)
  • les tics d'écriture (répétition d'un mot - "et", par exemple - ou des habitudes de conjugaison (merci LaCarne) !); 
  • Une syntaxe bancale (merci Corinne);
  • leur ressenti sur les personnages : sont-ils vraisemblables, insipides, trop caricaturaux, indispensables, cohérents, (merci Sabine et Céline); leurs réactions, leur évolution...
  • une idée éventuelle (sur le choix d'un prénom, d'un lieu...  (merci Laure et Céline)!)
  • les sentiments que l'intrigue leur inspire; 
  • et en général, la crédibilité du récit.



J’attends surtout d’elles/eux une grande objectivité et une grande honnêteté. Je n'ai pas d'orgueil mal placé, j'accepte toutes les critiques, si elles sont constructives.
Au début, les bêta-lecteurs s'excusent de relever des erreurs ou de donner leur avis. L'important, si on veut que la collaboration continue à être constructive, c'est de les mettre à l'aise par rapport à ça.



Faut-il toujours corriger ce qu'ont relevé les bêta-lecteurs ?

Ça dépend.
Le texte appartient à son auteur, mais il ne faut pas oublier qu'il est destiné à être lu. Il faut donc faire la part des choses :
prendre le temps de lire les critiques, de regarder si plusieurs bêta-lecteurs ont fait les mêmes, éviter de réagir à chaud de manière trop impulsive ou de se vexer pour un rien.
Je garde toujours à l'esprit que si mes bêta-lecteurs n'ont pas compris ce que je voulais dire ou ressenti l'émotion que j'attendais, c'est que je n'ai pas réussi à faire passer mon message, et qu'il me faut le retravailler.
Parfois, il y a des passages, des personnages ou des extraits auxquels je tiens vraiment : si une critique m'en est faite, on peut instaurer un dialogue pour que je défende mon point de vue et que je voie à quel point le bêta-lecteur est dérangé par ce que j'ai écrit.

 

   

Pour finir


Certains auteurs ne font pas appel aux bêta-lecteurs.
D'autres attendent d'avoir une version hyper corrigée par leur soin avant de la faire relire.
D'autres enfin donnent à leurs bêta-lecteurs leur premier jet.

Moi, je fais un peu un mélange de tout ça : J'ai une équipe de bêta-lectrices (eh oui, pour mon dernier roman, il n'y a que des femmes !) qui relit chapitre par chapitre, au fur et à mesure que j'écris (donc une version non (ou peu) relue ni corrigée par mes soins). Puis, quand tout est terminé, relectures et corrections faites à la suite des remarques des bêta-lectrices ainsi que mes propres corrections, je donne mon manuscrit à une autre équipe de bêta-lectrices pour un ultime point de vue.

Euh... Ne vous méprenez pas : je ne me prends pas pour Flaubert ! :-D


Après, je vais le corriger encore et encore, jusqu'à ce que je l'envoie aux éditeurs : je retrouve toujours quelque chose à récrire, que ce soit de l'avis des bêta-lectrices ou du mien.
En fait, un roman n'est jamais terminé.

Alors à un moment, il faut savoir s'arrêter, faire une lettre de présentation (soignée, la lettre de présentation : on en reparlera dans un autre post), le mettre dans une belle enveloppe, embrasser l'enveloppe (je vous parlerai une autre fois des tics d'auteurs), et l'envoyer !

Ah ! Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier également : être bêta-lectrice, c'est du travail, que l'on s'y engage à fond ou un peu, cela demande tout de même un investissement. Alors l'auteur ne doit pas oublier de les remercier : si  ce n'est pas elles/eux qui ont écrit le roman, l'auteur leur doit quand même une fière chandelle !

 

Page de remerciements de mon roman Pulpeuse Fiction